L’addiction

1# – C’est quoi l’addiction ?

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Addiction d’après le Larousse :

Processus par lequel un comportement humain permet d’accéder au plaisir immédiat tout en réduisant une sensation de malaise interne.

Il s’accompagne d’une impossibilité à contrôler ce comportement malgré la connaissance de ses conséquences négatives.

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Addiction d’après Droupix :

ne plus pouvoir se passer de quelque chose qui semble faire du bien, mais qui en réalité fait beaucoup plus de mal.

addiction = dépendance = toxicomanie

L’ADDICTION, C’EST NE PAS RÉUSSIR À S’ARRÊTER.

Que ce soient des héros qui ont façonné l’Histoire, des artistes en quête d’inspiration, des scientifiques en manque d’hypothèses ou des célébrités au destin tragique, on ne compte plus les personnes connues pour avoir été dépendantes. Et pour cause : 20 à 30 % de la population serait dépendante. La majorité des ces millions de personnes est addicte à une drogue. Mais il existe une minorité grandissante que l’on oublie souvent : les personnes avec des conduites addictives comme le jeu, le pari ou les achats compulsifs.

« Je crois que je suis dépendant… », « Et si j’étais un tox’ ? ». La plupart du temps, lorsqu’on se pose ces questions, c’est que la consommation devient ingérable : mise en danger, problèmes de santé, troubles psychologiques, désocialisation…
De « Requiem for a dream » à « Smiley Face », en passant

par « Limitless » ou « Confessions d’une accro au shopping », nombreux sont les films dont l’addiction est le sujet principal. Autant de films, mais aussi de livres, de musiques qui apportent chacun leur vision de cette pathologie. Bien qu’elle puisse aller à l’encontre de notre instinct, la vision scientifique et médicale de l’addiction est basée sur de nombreuses expériences et se vérifie auprès des patients. Il ne sera ici que question de « drogue » : pas de « drogue dure » ou de « drogue douce », tout comme le « beau » ou le « moche » n’existe pas en Science.

Pour dire qu’une personne est médicalement addicte, une question primordiale doit être posée : “A-t-elle perdu le contrôle de sa consommation ? “

Cette simple question est la base du diagnostic. Admettons que la réponse soit oui et cherchons à comprendre en image comment apparaît l’addiction.

Bd : Droupix et la PIX

LE CERCLE VICIEUX DE L’ADDICTION

Après cette petite histoire, une première remarque vient à l’esprit : faut vraiment pas être malin pour prendre une drogue qui rend hautain et fige comme une statue de cire.

La seconde remarque, est que la dépendance n’arrive pas d’un coup, et n’est pas directement liée à la quantité de substance consommée ou même à la fréquence de ses prises.

Etre addict, c’est perdre le contrôle de sa consommation, accumuler les problèmes qui y sont liés, et s’en rendre compte. Tenter de s’arrêter, mais échouer et reprendre.

C’est alors que les problèmes réapparaissent, la personne retente alors de s’arrêter sans plus de succès car l’envie de consommer la drogue est trop grande. C’est vrai quelque soit la substance. Cette envie irrépressible de consommer est caractéristique de l’addiction. Un peu comme si le cerveau prenait un malin plaisir à voir des liens avec la substance partout, poussant à la consommation.
Du coup, tant qu’une personne n’a pas essayé de stopper sa consommation, il est impossible de savoir si elle est dépendante ou non.

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Je tiens à vous rassurer, je ne suis plus dépendant à la pix, et je ne compte pas en reprendre de sitôt.
Pour ça, je me suis posé une question : “En quoi devais-je me préoccuper de ma consommation de PIX ?”

PARCE QUE LA PIX, COMME TOUTES LES DROGUES, N’EST PAS INOFFENSIVE…

Les dangers liés à l’addiction (avec la PIX en exemple)

 

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Qu’il s’agisse de la PIX ou d’autres drogues, les risques sont donc les mêmes : des effets néfastes sur la santé physique et mentale, aussi bien à court qu’à long terme (des problèmes de peau aux cancers), ainsi que des problèmes sociaux (de la perte d’emploi à la délinquance). Bien que j’en avais conscience, j’ai eu beaucoup de mal à me stopper.
Mais pourquoi est-ce si dur de s’arrêter ?

PIX / TABAC / ALCOOL / COCAÏNE / CANNABIS / ECSTASY /

HÉROÏNE / AMPHÉTAMINES / CRACK / SPEED / ACIDES /

MDMA / LSD / BENZODIAZÉPINE / PSYCHOTROPES / …

2# – Comment fonctionne une drogue ?

Toutes ces substances sont bien différentes. Elles ont des effets, sur le comportement comme sur le corps qui ne sont pas les mêmes. Pourtant, elles ont un point commun, et c’est ce point commun qui les réunit sous la bannière des substances addictives. Toutes les substances addictives font ressentir du plaisir.
Avec LA PIX par exemple : j’étais confiant et relâché face à mes confrères, j’en ressentais un certain plaisir malgré mes petites paralysies.

Mais le plaisir lié à LA PIX est devenu bien trop fort, bien trop intense, j’étais addict. Cet excès de plaisir, qui ressemblait plus à un soulagement, s’explique par nos neurones qui nous jouent un bien vilain tour : c’est là que le cerveau et des mécanismes bien plus biologiques interviennent.

La carotte et le bâton

OUBLIONS QUELQUES INSTANTS L’ADDICTION ET LA PIX.

Intéressons-nous quelques instants à une notion qui est aussi importante qu’intéressante : le plaisir.

Il y a des choses que l’on doit faire, pour notre survie et celle de notre espèce, ce sont les besoins fondamentaux.

Parmi eux : manger, boire, se protéger ou se reproduire (“faire un calin” pour être plus poétique). Je pense qu’il n’aura échappé à personne le plaisir ressenti lors d’un bon repas après une grosse faim. Ce plaisir, est principalement dû à un phénomène neuronal dans une zone précise de notre cerveau : une libération de dopamine dans le noyau accumbens.

Et ce phénomène n’a qu’un but : nous motiver à faire ce qui est bon pour nous. C’est ce qu’on appelle le renforcement positif.

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A l’inverse, pour nous éviter de faire n’importe quoi, qui pourrait porter atteinte à notre survie ou à celle de notre espèce, le cerveau a prévu des parades pour nous convaincre. On se rappelle tous de cette première main posée sur la vitre du four (en observant le gâteau d’anniversaire de nos 3 ans), suivie d’une forte brûlure. Cette brûlure, douloureuse et imprévue, nous a fait ressentir de la douleur, donc du déplaisir.

Ce déplaisir, est lui aussi principalement dû à un phénomène neuronal dans une zone connue de notre cerveau : une libération de sérotonine dans le noyau accumbens.

Ce phénomène nous protège des dangers : c’est qu’on appelle une aversion.

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C’est quoi une drogue ?

REVENONS À L’ADDICTION ET À LA PIX

En suivant ce raisonnement, mes phases de blocage auraient dû induire chez moi une aversion : cela aurait dû m’écœurer, me démotiver à reprendre de la pix. Mais ce qui caractérise la dépendance, c’est justement ce déséquilibre,cette balance qui penche clairement en faveur du plaisir : la libération de dopamine l’emporte sur la libération de sérotonine dans le noyau accumbens.

Chaque substance passe par son propre chemin dans le cerveau, ce qui explique les différents effets des différentes drogues. Mais chacune finit à un moment ou un autre par suractiver directement cette libération de plaisir, dans une logique qui peut devenir malsaine : notre cerveau, induit en erreur par la drogue, nous motive à réitérer l’expérience. Pire encore, le besoin de consommer est perçu par le cerveau comme fondamental : il est donc difficile de s’arrêter par la seule force de la volonté. La balance penche alors clairement en faveur de la consommation et non de l’arrêt.

Le circuit de la récompense est activé au maximum et cela empêche de voir toutes les difficultés pourtant évidentes. Ainsi, même en période d’arrêt de la consommation, le cerveau en manque de dopamine rend la personne sensible à la moindre stimulation, favorisant une rechute possible même des dizaines d’années après.

Et plus elle consomme, plus son cerveau s’habitue à la présence de la substance : il en faut plus pour ressentir les mêmes effets, le même plaisir qu’avant : le serpent se mord la queue.

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3# Si l’addiction est purement biologique, pourquoi ne sommes-nous pas tous dépendants ?

Je viens de décrire un processus neuronal incontrôlable, une mécanique biologique qui semble implacable. Une drogue, en suractivant le circuit de la récompense, renforce le comportement : cela nous motive et nous pousse à la consommation. Cependant, si nous sommes presque tous confrontés à des substances addictives (le fameux petit verre de cidre accompagnant la galette), nous ne sommes pas tous dépendants pour autant. Menons alors l’enquête pour trouver quelles en sont les raisons ?

Au procès de l’Addiction : Trois coupables pour un même crime

 

GÉNÉTIQUE / INNÉ

Si nous naissons tous égaux, nous naissons tous différents. Ce qui nous différencie, ce sont nos gènes : sur nos 30.000 gènes, une moitié provient de notre mère, l’autre moitié de notre père. Parmi cette foule de gènes parentaux, certains ne sont pas innocents et peuvent augmenter le risque d’avoir une maladie : c’est la cas de l’addiction. Il y aurait 8 fois plus de risque d’être dépendant lorsque nos parents l’ont été. Mais l’addiction n’est pas une maladie purement héréditaire et uniquement génétique. Une preuve ? Les vrais-jumeaux : ceux-ci ont exactement les mêmes gènes. Pourtant, il arrive que l’un des jumeaux soit addict, sans que l’autre le soit aussi: cela est dû à l’influence du second coupable. Car la génétique n’est pas seule à agir, bien qu’elle contribue au crime.

 

ENVIRONNEMENT / ACQUIS

En effet, le deuxième coupable et non des moindres, est le vécu propre à chacun, quel que soit son patrimoine génétique (comme le prouvent les jumeaux : ils ont les mêmes gènes mais pas exactement la même vie). Quelques exemples de mobiles me permettront d’illustrer assez facilement ce point, qui est essentiel. Dans mon cas, si le jeune homme qui m’a fait goûter la pix pour la première fois n’était pas venu à ma conférence, si j’avais vécu dans un pays où elle ne circule tout simplement pas, je n’en serais jamais tombé dépendant. Autre exemple, si j’avais pu faire mes demandes de fonds, j’aurais été en meilleure forme mentale, et je n’aurais sans doute pas eu besoin de trouver refuge dans la pix. Les hasards de la vie, les moments de joies mais surtout les coups durs, comme dans la plupart des pathologies, interviennent dans l’addiction, etleur rôle prépondérant ne doit pas être minoré ! Il reste cependant un 3e coupable, auquel on ne pense pas forcément.

 

SUBSTANCE

En effet, le dernier coupable est sous nos yeux, c’est sans doute pourquoi on n’y pense pas forcément alors qu’il n’a pas d’alibi. Car il s’agit de la substance elle même. Il existe différentes drogues, différentes conduites addictives. Elles ont différents effets, que la personne ressent comme positifs, et les risques qui y sont liés sont spécifiques. Seule la pix, qui me rendait « drôle » et « confiant » pouvait me correspondre. Une drogue induisant des hallucinations visuelles, ou faisant perdre l’équilibre, n’aurait pu m’attirer. Ainsi, suivant sa personnalité, ses affinités, son vécu, un individu sera plus attiré par certaines drogues que par d’autres.

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D’autant plus qu’il existe des addictions, mais dites sans substance : les conduites addictives.

JEU PATHOLOGIQUE / ACHATS COMPULSIFS / PARIS

EXCESSIFS / ADDICTION SEXUELLE / CYBERADDICTION /

ANOREXIE / BOULIMIE / …

4# – C’est quoi une addiction sans substance ?

L’addiction sans substance suit le même schéma : perte de contrôle et effets négatifs sur le quotidien qui s’accumulent sans que la personne ne puisse s’arrêter. Mais une différence de taille subsiste : il ne s’agit plus d’une substance qui va aller directement modifier le fonctionnement cellulaire du cerveau. Il s’agit de conduites dites addictives de l’individu, qui vont aller elles aussi activer le circuit de la récompense

et accélérer cette libération de dopamine dans le noyau accumbens.
Pour cela, la conduite doit induire un plaisir immédiat, ressenti comme très intense, et qui masque les effets négatifs induits. C’est pour cette raison que les addictions sans substance concernent principalement l’argent (paris, achats compulsifs, …), le jeu, le sexe, voir la nourriture.

5# – Existe-t-il des solutions ?

LA SOLUTION OPTIMALE : AGIR SUR LE VÉCU DE LAPERSONNE DÉPENDANTE ET SON RAPPORT À LASUBSTANCE OU À LA CONDUITE ADDICTIVE.

Il n’y a pas de solution miracle à une pathologie si complexe. Seule une approche globale permettra d’obtenir les meilleurs résultats. S’il est difficile de ne plus être dépendant, une personne qui rechute de moins en moins, voit sa situation s’améliorer nettement.

De nombreuses solutions existent donc. De nombreux spécialistes sont présents pour accompagner toutes les personnes dépendantes quelque soit leur âge ou leur situation, qu’il s’agisse des centres médicaux tout comme des associations ou des structures spécialisées (PAEJ : Point Accueil Écoute Jeune, CAARUD : Centres d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction de risques pour Usagers de Drogues, CSAPA : Centres de Soins d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie en ambulatoire, …).

L’addiction pervertit notre système de plaisir universel pourtant sain à la base. Elle peut toucher n’importe qui, et il n’y a donc ni honte ni culpabilité à avoir si l’on a besoin d’aide.

Actions possibles sur le contexte de vie de la personne :
Aider la personne à prendre conscience des problèmes liés à sa consommation.
Tenter d’améliorer sa situation médicale, sociale et psychologique.
Contrer les habitudes liées à l’addiction.

Actions possibles sur le rapport à la substance :
Contrer les effets de la drogue (produit de substitution).
Empêcher ou retarder la rechute.

Le problème de l’addiction – et plus globalement des drogues – est si vaste que 130 projets vont être mis en œuvre pour un budget de 60 millions d’euros, sous l’impulsion de la MILDT (Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Toxicomanies). La principale proposition : renforcer la prévention. Car le pouvoir du gouvernement est grand : il impulse les politiques de santé publique, notamment en terme de budget, mais il décrète aussi quelle drogue est légale ou non. Si elle l’est, des lois encadrent sous quelles conditions elle peut être vendue (de l’alcool aux paris sportifs…). Sinon, d’autres lois encadrent les peines qu’encourent les usagers, tout comme les revendeurs (du cannabis au crack …).

Autrement dit, l’Etat agit aussi sur la disponibilité et l’accessibilité d’une drogue.

D’APRÈS LE DICTON, « C’EST LA DOSE QUI FAIT LE POISON ».
LA SCIENCE AJOUTE QUE « C’EST L’ÉCHEC DE L’ARRÊT QUI FAIT L’ADDICTION ».
AURAIS-JE ÉTÉ LE PLUS « PIXÉ » DES APPRENTI-CHERCHEURS SI J’AVAIS SU ?

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